COVID 19
La fin des mauvais virages

Il y a toutes celles et ceux qui sont morts, toutes celles et ceux qui luttent en réanimation, tous nos soignants en première ligne aux urgences. Nous pensons à eux avec émotion et leurs devons la solidarité en respectant sans fléchir les consignes, aussi longtemps qu’il le faudra.

Mais puisque nous nous confinons, il n’est pas interdit d’en profiter pour réfléchir au tournant de notre histoire.

La théorie néo-libérale nous serine depuis trente ans que l’état dépensier doit être au régime sec et réduit à ses taches élémentaires : voici que nous redécouvrons qu’il peut nous sauver la vie à condition qu’on lui en donne les moyens.

Voilà trente ans qu’on nous serine qu’il faut privatiser l’air, l’eau, le feu, les chemins de fer, la santé, le corps humain : voici que nous redécouvrons « que tout n’est pas une marchandise ».

Voilà trente ans qu’on nous serine que la dette publique nous tuera, que la règle des 3% de déficit fait partie des dix commandements, qu’il est hors de question que la monnaie obéisse aux gouvernements, qu’elle ne doit veiller qu’à contrôler l’inflation et voilà que la BCE se met à cracher les milliards comme les dragons de la reine Daenerys Targaryen crachent du feu.

Voilà trente ans qu’on nous chante que les nations, les frontières, l’autorité des États sont l’incarnation du mal, que la globalisation financière va arrêter l’histoire et transformer le monde en village Playmobil. Voilà partout qu’on redécouvre qu’elles sont aussi une protection et que la course incontrôlée à la rentabilité immédiate tue la nature et les humains.

Bref, les loups sont entrés dans Paris (déserté par Boboland) et ils vont en repartir quand nous aurons retrouvé l’amour, la fraternité et le bon sens, et redécouvert qu’entre la puissance du marché et la puissance publique régulatrice, il faut un équilibre dynamique pour penser l’avenir.